En 2024, la campagne de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie s’est articulée autour du slogan « Dénoncer les idées dépassées ». Elle visait à tirer la sonnette d’alarme face aux reculs préoccupants que subissent actuellement les personnes LGBTQ+.

Après plusieurs décennies de progrès, les reculs des dernières années peuvent surprendre. Ce phénomène de « backlash », ou « effet de ressac », se manifeste à l’échelle mondiale par des reculs tant sur le plan légal que social pour les personnes LGBTQ+.
Recul dans les droits LGBTQ+
Des reculs légaux sont observés dans de nombreux pays à travers le monde. Il peut s’agir de l’adoption de nouvelles mesures restreignant les droits des personnes LGBTQ+, ou du démantèlement de lois et d’initiatives existantes qui leur offraient protection. En voici quelques exemples :
- États-Unis : Depuis janvier, plusieurs décrets présidentiels ont entraîné d’importants reculs, notamment l’interdiction des personnes transgenres dans l’armée, la suppression de soins d’affirmation de genre pour les mineur·e·s dans certains États, ainsi que le retrait d’initiatives en lien avec l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI).
- Géorgie : En septembre 2024, le parlement géorgien a adopté une loi intitulée « Sur les valeurs familiales et la protection des mineurs ». Dénoncée par Le Haut Commissariat aux droits de l’homme, cette loi impose des restrictions discriminatoires à l’éducation, aux débats publics et aux rassemblements portant sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Elle assimile les relations homosexuelles consenties à l’inceste et interdit la reconnaissance légale des couples de même sexe ainsi que des personnes trans.
- Ghana : En 2024, le parlement ghanéen a durci sa législation en adoptant à l’unanimité une loi qui prévoit des peines de prison pour les relations homosexuelles et pour « la promotion, le parrainage ou le soutien intentionnel d’activités LGBT+ ».
- Russie : En 2023, la Cour suprême russe a interdit les activités du « mouvement international LGBT+ » en le classant comme « mouvement extrémiste », permettant ainsi de criminaliser la défense de droits LGBTQ+.
- Hongrie : En mars 2025, le parlement hongrois a interdit les rassemblements « promouvant ou affichant toute déviation par rapport au sexe d’une personne à la naissance, ainsi que le changement de sexe et l’homosexualité ». Cette loi interdit de facto les marches des fiertés, prévoit des amendes pour les participant·e·s et des sanctions pénales pour les organisateur·trice·s.
- Royaume-Uni : En décembre 2024, les bloqueurs de puberté ont été bannis indéfiniment. En avril 2025, la Cour suprême britannique a statué que la définition légale d'une femme est basée sur le sexe biologique et qu’une femme trans qui a fait une transition légale n’est pas pour autant considéré légalement comme une femme.
Augmentation des violences

Augmentation des crimes haineux en lien avec l’orientation sexuelle au Canada
- Au Canada, le nombre de crimes haineux liés à l’orientation sexuelle reporté par la police à Statistique Canada a plus de quadruplé en 5 ans. Il est passé de 186 en 2018 à 860 en 2023.
- Aux États-Unis un rapport du FBI annonce qu’en 2023, les signalements de crimes haineux visant des personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre sont en augmentation.
- En Europe un rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne indique une augmentation de la violence, du harcèlement et de l’intimidation.
Discours anti-LGBTQ+
- Les discours LGBTQphobes se normalisent avec des discours alarmants venant de personnes influentes. Voir notre vidéo
- Des campagnes de désinformation circulent sur Internet, notamment sur les soins d’affirmation de genre. Selon un rapport de l’Observatoire européen des médias numériques publié en 2023, la désinformation portant sur les communautés LGBTQ+ est la plus répandue.
- ILGA Europe note une augmentation des discours haineux. Par exemple, au Portugal, les discours de haine anti-LGBTQ+ en ligne ont augmenté de 185 % entre 2019 et 2022, contre 130 % en Espagne.

Recul de l’acceptation de la diversité sexuelle et de genre
- Selon un sondage de l’IPSOS qui compare les réponses des personnes en 2021 et en 2023 dans 30 pays, au Canada le soutien pour les couples de même sexe a diminué. De plus, la proportion de Canadien.ne.s qui ne sont pas d’accord avec le fait que les couples de même sexe devraient avoir les mêmes droits d’adopter des enfants que les couples hétérosexuels a augmenté.
- Entre 2017 et 2024, le niveau de malaise des jeunes québécois.es face à l’homosexualité de leur meilleur.e ami.e a doublé.
Nous ne pouvons pas prendre les droits LGBTQ+ pour acquis. La lutte contre les LGBTQphobies doit continuer non seulement pour faire avancer la cause, mais aussi pour éviter les reculs. Les reculs légaux peuvent prendre la forme de lois qui sont passées mais aussi de retraits de mesures qui protégeaient les personnes LGBTQ+. En plus des reculs légaux, on constate une augmentation des violences, des discours haineux ou de désinformation et un recul dans l’acceptation de la diversité sexuelle. Face à ces reculs, nous avons besoin des personnes alliées pour contrer ce mouvement de haine.
Pour aller plus loin :
- Comment expliquer le backlash contre les LGBTQ+ ?
- L’importance des personnes alliées